L’infertilité concerne environ 50 millions de couples dans le monde et est considérée comme un problème de santé publique par l’organisation mondiale de la santé (OMS).
Les couples infertiles (en échec reproductif depuis plus d’un an) sont encouragés à consulter un spécialiste de la reproduction exerçant au sein d’un centre d’assistance médicale à la procréation (AMP) et peuvent notamment prendre un rendez-vous en médecine et biologie de la procréation au du CHU Grenoble Alpes (CHUGA). Une étude récente a montré qu’on retrouve des facteurs péjoratifs chez 12,5 % des femmes et 10 % des hommes. La plupart des couples infertiles vont bénéficier d’une fécondation in vitro (FIV) avec, quand les paramètres spermatiques sont défavorables, une injection directe du spermatozoïde dans l’ovocyte par la technique d’injection intra-cytoplasmique (ICSI) (Figure 1). Après fécondation les embryons obtenus sont transférés directement dans l’utérus de la patiente. On estime qu’en France ces dernières années, environ 1,5 % des naissances ont été conçues grâce à ces techniques d’AMP.
L’avènement de l’AMP a révolutionné la prise en charge de l’infertilité et a fait la joie de millions de couples dans le monde mais des problèmes subsistent. Suite à une prise en charge par AMP seulement environ la moitié des couples donnent naissance à un bébé et il est donc important d’améliorer l’efficacité de ces techniques. Par ailleurs l’utilisation de la FIV et en particulier de l’ICSI permet d’obtenir des naissances à partir de spermatozoïdes ayant des paramètres biologiques parfois inquiétants et présentant notamment une mauvaise compaction et/ou une fragmentation de l’ADN. Ces anomalies peuvent avoir un effet mutagénique et altérer les marques épigénétiques qui viennent compléter les informations contenues dans le génome du gamète. Si de nombreuses études ont montré que l’utilisation des techniques d’AMP n’augmente pas les taux d’anomalies à la naissance, aucune étude n’a encore pu être réalisée pour évaluer la santé à long terme des individus nés après AMP.
L’équipe de recherche génétique épigénétique et thérapie de l’infertilité (GETI) de l’institut pour l’avancée des biosciences (IAB) travaille en proche collaboration avec le département de génétique et procréation du CHUGA et s’intéresse en particulier aux infertilités masculines. Elle a pu identifier les causes génétiques de plusieurs anomalies sévères du spermogramme comme la macrospermie, la globospermie et les anomalies morphologiques multiples des flagelles (MMAF) (figure 2) et est devenue leader dans le domaine de la génétique de l’infertilité. Les objectifs de l’équipe sont, grâce aux nouvelles techniques de séquençage haut débit, d’identifier de nouveaux gènes pathologiques et d’améliorer l’efficacité des diagnostics génétiques de l’infertilité. A moyen et long terme le GETI souhaite développer de nouvelles stratégies thérapeutiques qui permettraient d’améliorer la prise en charge de l’homme infertile en corrigeant certaines anomalies spécifiques de la spermatogénèse. La mise en place de ces thérapies ciblées permettrait également de limiter l’utilisation de gamètes potentiellement porteurs d’anomalies épigénétiques.
Figure 1 : Injection directe du spermatozoïde dans l’ovocyte par la technique d’injection intra-cytoplasmique (ICSI).
Figure 2 : Photographies en microscopie électronique à balayage de spermatozoïdes présentant des anomalies étudiées par l’équipe GETI (A) macrospermie (B) globospermie, (C) spermatozoïde à flagelle court, épais et enroulé caractéristique du phénotype MMAF.
Pierre Ray et l’équipe du GETI, Charles Coutton1, Sylviane Hennebicq2,
Véronique Satre1, Christophe Arnoult4
1Laboratoire de Génétique Chromosomique, Hôpital Couple Enfant, CHU Grenoble-Alpes
Tél : 04 76 76 54 82
2Laboratoire d’Aide à la Procréation-CECOS, Hôpital Couple Enfant, CHU Grenoble-Alpes
Tél : 04 76 76 73 07
3Laboratoire de DPI moléculaire, Institut de Biologie et Pathologie, CHU Grenoble-Alpes
Tél : 04 76 76 55 73
4Equipe "Génétique, Epigénétique et Thérapies de l'Infertilité" IAB, INSERM 1209, CNRS UMR 5309, Université Grenoble Alpes